MaMA Festival : quatre tchatcheurs à la langue bien pendue qui vont ambiancer Pigalle

Le franc-parler coup de poing de Brö, le rap désenchanté de Joysad, la techno décalée et dansante d’Uzi Freyja, le hip-hop aux accents jazz de L.Teez… “Télérama” a sélectionné quatre artistes à ne pas rater lors du MaMA, à Paris, du 12 au 14 octobre.

À ne pas manquer au MaMA Festival : Brö, Joysad, L.Teez et Uzi Freyja.

À ne pas manquer au MaMA Festival : Brö, Joysad, L.Teez et Uzi Freyja. MaMA Music

Par Erwan Perron

Publié le 11 octobre 2022 à 13h00

Mis à jour le 13 octobre 2022 à 14h12

Douzième édition pour le MaMA (Marché des musiques actuelles), du 12 au 14 octobre. À la fois une convention et un festival où se pressent, durant trois jours dans le quartier parisien de Pigalle, six mille professionnels de la musique et autant de « simples » spectateurs avides de découvrir de jeunes artistes qui seront peut-être les stars demain. Comme il n’est pas évident de se repérer parmi les cent dix groupes programmés dans les seize salles de concerts, cabarets, boîtes de nuit ou théâtres réquisitionnés pour l’occasion, on vous en conseille quatre. Pour les avoir déjà vus sur scène et rencontrés, ils sont à ne pas rater.

Brö, magicienne du texte au franc-parler

Mais comment peut-on balancer, d’une voix profonde et rêveuse, des phrases comme « J’me suis offert une rose parce que personne le faisait […] / J’aime que moi, j’suis un queutard », ou encore « Si j’entends c’est des putes, je vais dans le métro, je stoppe le truc, je lève ma jupe / Regardez-moi, c’est là que j’garde mon glock et mon uc » ? Brö, Parisienne de 26 ans, s’explique : « J’aime être à la fois grossière et éloquente et puisque je suis née d’un papa savoyard et d’une maman kabyle algérienne, chanter la double culture. Sans victimisation. » Sur scène, parfaitement accompagnée par Jules Minck (guitare, claviers) et Elie Zylberman (basse, chœurs), elle rappe autant qu’elle chante. Ou plutôt, sur le mode du talk-over (parlé-chanté), ralenti ou déballé à toute berzingue, on n’a jamais l’impression qu’elle chante. Et pourtant, elle le fait juste et bien.
► Le 14 octobre, 22h, La Boule noire, 120, bd Marguerite-de-Rochechouart.

Joysad, puncheur de mots très agité

Il existe au moins deux Joysad. Celui qui semble toujours un peu en retrait et rappe d’une voix âpre et désenchantée, sur fond de piano mélancolique, l’ennui d’une petite ville de Province et la difficulté à trouver sa place : « On gambade avec mon flash comme des chauves-souris / Haleine de clopes avec un brin de vodka-pomme pourrie […] À 7 heures tu croises personne à part des vieux pélo / Et moi j’espère encore que je vais croiser Camila Cabello. » Et l’autre Joysad, qui se métamorphose en bête de scène, sautant au milieu du public lors de concerts toujours incandescents. Le jeune artiste (22 ans) originaire de Périgueux, qui s’est fait connaître avec les concours de rap de la page Instagram 1minute2rap, le sait bien : « Aujourd’hui, le rap est moins poseur. Il s’est ouvert à davantage de sensibilité. Alors, j’y crois. » Nous aussi.
► Le 13 octobre, 21h, La Machine du Moulin Rouge, 90, bd de Clichy.

Uzi Freyja, trio techno à l’esprit cabaret

« Bon, j’aime beaucoup mes seins. C’est pour cette raison que, sur scène, je les prends souvent entre mes mains. Et puis si vous pouviez également l’écrire : je rêve de donner un concert dans un club de strip-tease. » On rit encore de notre conversation plutôt improbable avec la rigolote et très comédienne rappeuse Kelly Rose, après le concert d’Uzi Freyja au festival Hop Pop Hop, à Orléans. Avec ce groupe, où elle est aidée dans l’ombre par deux habiles producteurs électro, cette Camerounaise de 26 ans a trouvé l’écrin parfait pour ses délires. Et elle y va franco, chantant en « cam-franglais » (mélange de douala, de français et d’anglais) ou en « pidgin » (mélange anglais-créole) des sujets « aussi différents que les grosses fesses, la jalousie ou la liberté d’être soi ». Sur fond de coupé-décalé ou de techno, et avec une pointe de gospel, Uzi Freyja ferait danser même les pierres.
► Le 14 octobre, 2h30, La Machine du Moulin rouge, 90, bd de Clichy.

L.Teez, douceur hip-hop sur lit de jazz

« Fais gaffe aux quantités, sinon tu vas foirer ta sauce », rappe-t-il en anglais, très à l’aise en concert, accompagné d’un batteur pas manchot, d’un pianiste, d’un bassiste et d’une choriste aux accents soul-jazz. À 26 ans, le Canadien L.Teez a rodé son flow sur les scènes « open mics » de sa ville de Montréal, où jazzmen et MC’s improvisent jusqu’au bout de la nuit. « Évidemment, j’ai conscience qu’en France peu de rappeurs se revendiquent aujourd’hui du jazz. Mais j’essaie de ne pas être passésiste », explique ce fan des Américains Jay-Z et Gil Scott-Heron (1949-2011). Passéiste, L.Teez ne l’est sûrement pas, explorant sur son premier LP à sortir, Studio Blue, un fluide et subtil fondu enchaîné de hip-hop et de jazz aux ambiances électro, tel que l’explorent actuellement à Londres Kokoroko ou Ezra Collective.
► Le 14 oct, 20h 30, NO.PI, 3 place de Clichy.

Festival MaMA, du 12 au 14 octobre (de 20 à 150 €).

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